Le Parc des Arts, projet collectif et participatif qui relie habitants et artistes
Le Parc des arts est un projet de tiers-lieu culturel aux abords de la Cité Paul Mistral à Grenoble, un des quartiers prioritaires de la ville. Plus qu’un tiers-lieu, le Parc des Arts est un projet de lieu hybride, construit collectivement par les habitants du quartier, les acteurs culturels locaux, l’association Le Prunier Sauvage et les partenaires du projet. Reliant l’art, le sport, la nature et l’espace urbain, il se présente comme un carrefour pour les habitants du quartier et les artistes professionnels et amateurs, et surtout comme un levier de transformation territoriale et sociale.
Le projet est porté par l’équipe du Prunier Sauvage, lieu de vie culturel et artistique, situé entre le parc des Champs Elysées et le stade Bachelard, aux abords du quartier Mistral à Grenoble. Brahim Rajab, directeur de l’association Prunier Sauvage, indique qu’il a fallu beaucoup de temps pour que ce projet aboutisse, et qu’ils ont décidé «de ne pas arrêter là et de proposer un projet encore plus ambitieux qui est le Parc des Arts. »
L’équipe a imaginé un lieu alternatif, culturel, social et écologique, qui se développera autour de trois pôles principaux avec plusieurs espaces : pôle créations et pratiques (pratiques du cirque, créations artistiques, concerts et arts numériques) ; pôle de vie et d’activités (arts culinaires, hébergement des artistes, espace co-working, ateliers Fablab) et pôle de pratiques en plein-air et de bien-être (piste de danse, piste de parkour et rollers, siesterie).
Redynamiser le territoire et valoriser la jeunesse
L’objectif principal du projet est de redynamiser le quartier, resté pendant de nombreuses années enfermé et stigmatisé. « Pendant longtemps, les politiques culturelles se sont complétement éloignées de certains territoires, notamment le quartier Mistral, et de certaines questions sociétales. » Pourtant le levier culturel est essentiel pour lutter contre l'assignation culturelle et sociale. A cette problématique, le projet répond par plusieurs leviers. Il travaille d’abord sur les représentations du territoire et son ouverture aux publics divers :
« Ce n’est pas simplement un projet de quartier. On part du quartier pour le dépasser et si on veut lutter contre les problématiques d’enfermement, il faut qu’on ait des projets qui rayonnent et qui permettent la circulation des publics. »
Il vise notamment à prêter une attention particulière à la jeunesse : proposer de nouvelles pratiques et des références diversifiées aux jeunes qui y grandissent pour qu’ils développent leur capital culture. Brahim donne comme un exemple les 25 enfants issus de ce quartier populaire qui se sont inscrits aujourd’hui au conservatoire de musique, contre seulement 2 il y a 5 ans.
Soutenir la création artistique et les arts du cirque
« On s’est aperçus, depuis plusieurs années, qu’il n’y a aucun lieu structurant, répondant aux besoins des artistes qui travaillent pour l’espace public et les arts du cirque, à l’échelle du département Isérois. ». En effet, les artistes circassiens et de l’espace public sont dans la débrouille, ils vont dans des parcs, jardins ou des lieux qui ne sont pas vraiment adaptés pour leur entrainement. D’où l’idée, de créer un pôle autour de ces arts dans le quartier, en offrant aux artistes des espaces de travail et de résidence de création, « ça nous semblait intéressant de faire le lien entre l’art et le sport à travers le cirque ».
Développement de l’aspect écologique et alimentaire
Le Parc des Arts sera positionné dans l’un des plus grands parcs de la ville de Grenoble, labélisé ‘éco-jardin’. Les nouveaux aménagements imaginés seront le plus écologiques possible et intégrés dans leur environnement. D’un autre côté, la sensibilisation et la préservation de la nature seront la priorité : « Il y a un enjeu primordial à entretenir cet espace de verdure, qui aujourd’hui est un peu maltraité. L’idée est de respecter, protéger cette nature en ville et de faire prendre conscience de l’importance de la nature et de notre lien avec l’environnement. »
Au niveau gastronomique, l’offre d’une restauration équilibrée et saine est très pauvre dans le quartier. Pour répondre à ce besoin, l’équipe a réfléchi à un espace dédié aux arts culinaires, avec des produits issus des producteurs locaux, respectueux de l'environnement. Des ateliers seront aussi proposés aux enfants et adultes.
Une ambition collective et citoyenne
Le projet est porté par Brahim Rajab et Arnaud Billet mais il se transforme vite en projet collectif, réfléchi par un vaste écosystème d’acteurs locaux. Les porteurs de projet ont voulu associer le plus possible les habitants du quartier et de l’agglomération, et entre temps d’autres personnes ont montré la volonté de participer à son élaboration : des jeunes architectes et urbanistes, des partenaires culturels et associatifs, des professionnels de la restauration, des scénographes et constructeurs.
« C’est vraiment extraordinaire ! C’est quelque chose dont on est fiers parce que, très franchement, j’ai rarement vu cette diversité et cette manière de faire dans les projets très ambitieux en tout cas. On essaie vraiment de le construire collectivement »
Des partenaires importants sont aussi présents, la Métropole de Grenoble, la ville de Grenoble, le Département d’Isère, la Région Auvergne-Rhône-Alpes avec qui les porteurs de projets sont en discussion sur le développement et les financements du projet. Pour la ville de Grenoble ce projet est une de ses priorités tandis que la Métropole de Grenoble lui a octroyé un financement pour une étude de sa faisabilité. L’équipe de porteurs de projet bénéficie des compétences économiques de la Métropole et travaille avec une agence d’architecture et un cabinet juridique sur cette étude.
Une autre vision du monde
Brahim est convaincu que ce projet pourrait créer un impact positif sur son territoire et changer le monde où il a grandi, un monde dans lequel les goûts et les pratiques étaient imposés. Le Parc des Arts est une porte d’entrée vers un monde plus inclusif où chacun pourrait trouver sa place.
« Le projet qu’on défend est purement politique, dans le sens « vie dans la cité » et on défend un modèle de société qui est différent. Un modèle qui va être plus inclusif. Nous, ce qui nous fait peur, c’est que la société actuelle est très fragmentée et qu’il y a beaucoup d’étiquettes. Dans le monde de demain, pour lequel on travaille sur notre territoire, on veut casser les barrières, amener plus de confiance en soi et valoriser les personnes. »